Lire le premier tome des aventures de Lord Baltimore c’est rencontrer un homme dévoué, une sorte de Croisé qui connaît le prix de son engagement.Les conteurs Mignola et Golden possèdent ce talent indéniable qui les autorise à reprendre tous les poncifs éculés. Pour le décor et les personnages, ils n’ont pas hésité: un village de nuit sinistrement isolé sur une île hantée, une vieille sorcière hideuse, des symboles religieux aux pouvoirs telluriques dans un monde où les vampires ont le pouvoir de nuire.
Tout cela pour démarrer une histoire au mois d’août 1916, à Villefranche, en France. Là, un zeppelin allemand flotte au-dessus de la ville. En dessous, dans la campagne, il n’y a pas que des chaumières. Dans les rues, un unijambiste, doté d’une jambe de bois, pourfend les vampires en uniformes gris. Cet homme, armé d’une épée, d’une hache et d’un harpon, éradique tous les morts vivants qui tentent de remonter dans le dirigeable. Arrive la foudre qui vient l’aider en grillant les traînards. Un peu fatigué par son œuvre salvatrice, Lord Henry Baltimore est hébergé chez la sorcière se targuant d’être à l’origine du foudroyant coup de main.
Les codes littéraires du vampire et du chasseur, initiés par Bram Stocker, sont tous là. L’ambiance glauque des planches se marie idéalement à la fin de la civilisation incarnée par la guerre de 1914-1918. Chez ces auteurs le destin s’avère implacable, la mention pour lecteur averti n’est pas superflue.
Lord Baltimore de Mike Mignola, Christopher Golden et Ben Stenbeck aux éditions Delcourt album 125 pages, 14,95 euros
Le tome 10 du manga Ikigami-Préavis de mort est le final d’une série culte qui fut couronnée en 2010 par un prix aux Japan Expo Awards, ainsi que par le Grand Prix de l’Imaginaire lors du festival Étonnants Voyageurs de Saint-Malo.
Paru en Série noire sous le titre Le Démon dans la peau, réédité sous celui de L’Assassin qui est en moi en 2010, c’est la première traduction intégrale de ce livre. Né en 1906 d’un père shérif d’une ville de ploucs, Jim Thompson mourra scénariste et alcoolique à Hollywood en 1977. Écrivain dès son adolescence, «le grand Jim [...] s’est forcé à tout voir, tout écrire, tout publier», comme le résume si bien l’auteur Stephen King en une phrase. Son œuvre littéraire connaîtra une gloire posthume en rééditions, au bénéfice de sa veuve Alberta H. Thompson. Le public français ignore souvent que les cinéastes ont adapté avec bonheur certains de ses livres, notamment Série noire d’Alain Corneau et Coup de torchon de Bertrand Tavernier. Le propre de l’écriture de Thomson: des dialogues grandioses, alliés à une sublime empathie pour les protagonistes. Quand ils sont ravagés, on est au mieux avec eux.
Craig Holden est publié depuis 1986. Auteur, conférencier, il fut, en juin 2004, l’invité du septième Festival international de Frontignan sur le thème «Intimité et roman noir». Le présent ouvrage est paru en 2005 aux États-Unis.