mercredi 27 mars 2013

Sherlock Holmes - Crime Alleys - Le premier problème

Au mois de mai 1876 à Londres, le jeune Sherlock Holmes se considère comme un esthète et ne s’intéresse qu’aux personnes dotées de qualités surhumaines. Il n’est l’ami que de deux personnes: un fin limier du Yard et son colocataire, un virtuose du violon devant intégrer le Philharmonique de Vienne.

Afin de lutter contre l’ennui, l’irritant jeune homme envoie des lettres anonymes à la police avec des indices pour des enquêtes sur lesquelles Scotland Yard reste en panne. En rentrant un soir de la bibliothèque, sa routine bascule. Il ne peut empêcher l’enlèvement de son colocataire. La police lui apprend que son ami est victime d’un réseau du crime. Pour tenter de résoudre le problème de ces kidnappings, le conseiller du Premier ministre lui propose de collaborer.

Cette histoire, que propose Sylvain Cordurie, se situe bien avant que notre détective et son adjoint, le docteur Watson, ne s’installent au 221B Baker Street. On y découvre un jeune homme prétentieux, mais doté d’un sens inégalable de l’observation. De son côté, James Moriarty n’est qu’un junior désobéissant, sous les ordres d’un terrible paternel. L’événement fondateur de la haine entre ces deux hommes serait lié à la disparition de ce jeune violoniste. Alessandro Nespolino se charge de la mise en image avec talent, la reconstitution du Londres de l’ère victorienne est remarquable.

Sherlock Holmes - Crime Alleys - Le premier problème de Sylvain Cordurie et Alessandro Nespolino aux éditions Soleil album 48 pages, 13,95 euros

mardi 12 mars 2013

Strummerville

Fils d’ouvriers, Bruno Clément passe sa jeunesse en Seine-et-Marne. À la fin de ses études universitaires il intègre l’administration pénitentiaire et parvient au rang de «sous-directeur de l’état- major de sécurité». À 15 ans, il avait écouté son premier album des Clash. Tombé dedans, il n’en est plus ressorti depuis 1977. Inconditionnel de Joe Strummer, le gratteur et la voix du groupe, l’annonce de sa mort, le 22 décembre 2002, l’anéantit. Joe Strummer n’était pas un homme célèbre, c’était la légende des groupes connus. Une idée viendra, née du mythe, et l’auteur se projette en roman.

Le narrateur, Patrick Thomas, est étudiant en 1976. Engagé radicalement dans son combat politique, il commet une faute et s’enfuit à Londres. Atterrissant dans un squat il y côtoie Joe Strummer et se lie d’amitié avec lui, le voilà embarqué dans l’épopée des Clash.

Revisiter de l’intérieur l’itinéraire d’un groupe en compagnie de son leader charismatique  rappelle les Évangiles. Le chemin de croix arrivera en 1982. Le héros est rattrapé par la constance policière lors d’un séjour en France. Condamné, il passera vingt ans en prison.

S’ensuit la description d’un univers carcéral tout à fait à la hauteur de sa mauvaise réputation. Une justice inhumaine exercée par des magistrats vaniteux, tandis que les condamnés sont humiliés en permanence. L’auteur, chargé des conditions de sécurité de l’ensemble du système carcéral français, connaît son sujet.

Strummerville de Bruno Clément-Petremann, Prix première impression 2012, La Tengo éditions, 334 pages, 15 euros.

vendredi 1 mars 2013

La moitié du Paradis

Natif de Houston, l’auteur, James Lee Burke, vit entre la Louisiane et le Montana, il est le créateur du mythique enquêteur Dave Robicheaux, incarné au cinéma par Tommy Lee Jones dans le film de Bertrand Tavernier Dans la brume électrique. Son premier roman, paru en 1965, vient d’être traduit en français. Revenu abîmé de la guerre du Viêtnam, cet enseignant de 29 ans devient le narrateur du sud des États-Unis. Une région chaude et moite jusqu’à l’insalubre, qui ne se relève plus depuis la guerre de Sécession.

Ce récit, c’est l’histoire de trois jeunes gens. Des Américains purs «jus de chique». Un blanc-bec prénommé Avery, propriétaire terrien déclassé et dernier d’une lignée ruinée depuis la guerre entre les États. Un bon bouseux, JP Winfield, musicien doué pour l’instrument mais dépourvu de bon sens, qui rêve de gloire sans en envisager les revers. Et Toussaint Boudreaux, le docker et boxeur noir, une proie facile pour des trafiquants en manque de pigeon pour faire diversion. Emprisonné, l’ouvrier malchanceux croisera la route d’Avery Broussard. Au bras duquel le lecteur rencontrera l’intrigante Suzanne Robicheaux. Chacun d’eux touchera une part de son paradis avant de perdre cette voie.

Un beau livre, qui flanque le cafard… Du champ de coton abandonné jusqu’au bayou, on entend vrombir les moustiques paresseux. Un monde s’éteint, noyé dans le bourbon mélangé à la bière tiède, aux sons d’un harmonica, d’une guitare et du banjo.

La moitié du Paradis de James Lee Burke aux éditions Rivages/Thriller, 301 pages, 20 euros.